Vendredi 2 janvier 2015
Je m’appelle Brio, ce qui veut dire
« courage » ! J’ai presque 6 mois !
Il m’en a fallu du
courage pour résister à tous les évènements difficiles de ma petite vie !
Un jour des bénévoles m’ont trouvé dans un champ avec mes
frères. Nous avions un peu plus d’un mois. Notre maman n’était plus là et on n’a jamais su pourquoi elle nous
avait quittés. Mes frères étaient de beaux podencos blancs et bruns. Moi le
vilain petit canard j’avais déjà le pourtour des yeux abimé et sans poils. On
m’a mis dans un refuge avec mes frères, mais ils ne sont pas restés longtemps,
ils ont tous eu une famille qui les attendait. J’étais seul et petit à petit, les
vilaines plaques autour de mes yeux ont gagné mon museau, mes oreilles, mes
pattes, mes ongles et ma petite queue. J’avais mal et j’étais si triste !
Mais une fée s’est trouvée sur mon chemin : Helena m’a ouvert la porte de
son petit refuge et surtout de sa maison. On m’aimait beaucoup et Helena me
soignait tous les jours. Elle veillait sur moi, mais ma peau ne guérissait pas
et de vilaines croûtes épaisses raidissaient mes belles oreilles de podenco qui
ne pouvait même plus se redresser, le bout de ma petite queue était devenue une
baguette dure et sans poils et mes pattes commençaient aussi à me faire mal.
La
vie chez Helena, ce n’était pas pour toujours, elle me l’avait dit, mais je ne
la croyais pas, elle était si douce avec moi. Un jour, elle a mis ma photo avec
celle d’autres de ses protégés sur le blog de Scooby, c’était en octobre,
j’avais trois mois. Elle m’a expliqué qu’elle cherchait une famille pour moi,
peut être loin de mon pays, où des gens m’aimeraient très fort et me
soigneraient. J’ai attendu et un jour elle m’a dit, Brio, il y a en France une
association qui s’appelle ADL qui veut bien s’occuper de toi. Il y a une dame
qui veut t’ouvrir son cœur et prendre soin de toi, c’était en décembre. Je
grandissais, enfin, pas beaucoup, car je suis encore bien petit, mais je ne savais
pas ce que c’était que d’aller loin ! Ici j’avais mes copains, mes
promenades, mes bons repas avec du riz et du poulet quand je ne voulais plus de
mes croquettes de bébé, mon petit manteau vert pomme quand il faisait froid, un
bon canapé et surtout Helena. Le dernier week-end de décembre, plein de gens
sont venus chez Helena me dire au revoir ! C’était vrai alors, j’allais
partir, loin chez la dame qui parlait à Helena tous les soirs ? Je voyais
Helena faire ma valise, mes médicaments, mes croquettes, mes jouets. Elle m’a
mis mon petit manteau vert pomme, un joli harnais rouge et nous sommes partis
dans sa voiture à Medina del Campo. Helena était bien triste. A l’arrivée, un
grand Monsieur qui s’appelait Fermin et Cristina la sœur de ma « maman
espagnole » m’attendaient.
Ils m’ont installé dans une grande cage à côté
de celle d’une grande galga blanche toute maigre qui allait faire le voyage à
côté de moi. Je crois qu’elle s’appelait Alma. Nous avons longtemps roulé, je
dormais un peu, il faisait nuit, quand Fermin qui conduisait a ralenti, puis
est rentré une aire d’autoroute à Labenne et s’est arrêté. Je l’entendais
parler avec une dame. Il a ouvert la porte du camion, puis celle de ma cage, il
m’a pris dans ses bras et m’a déposé doucement dans ceux de la dame.
Elle
souriait, mais je voyais bien qu’elle était émue. On lui a donné le petit sac
qu’Helena avait préparé, ils ont échangé quelques mots, ont fait des photos,
puis la porte du camion s’est refermée et ils sont repartis. J’étais bien, au
chaud dans les bras de ma « nouvelle maman d’accueil », elle me
parlait doucement, me caressait mon petit cou (on ne peut pas toucher à ma
tête, elle est trop sensible sans ses poils), m’a pris sur ses genoux en
voiture et nous sommes repartis avec son mari au volant. Elle avait l’air
gentille alors j’ai tenté quelques petites léchouilles sur ses mains puis dans
son cou. Hum, ça sentait bon son cou. Alors j’y ai laissé ma tête et je me suis
endormi. Quand je me suis réveillé, on arrivait dans une maison où j’allais
avoir aussi plein de copains, deux grands galgos noirs et deux whippets, plus
petits qui m’ont fait la fête en me voyant. J’ai mangé, beaucoup bu et je me
suis mis à jouer. Ils sont sympa mes nouveaux copains, mais quel bazar, ils
mettent leurs jouets partout. Alors je les ai tous ramassés et mis sur un tapis
où ma maman d’accueil m’a dit que c’était pour nous.
J’ai découvert aussi un
panier tout doux où j’ai retrouvé mes doudous d’Espagne et de nouveaux jouets,
rien que pour moi ! Il était tard, et les bébés ne se couchent pas si
tard, alors je suis allé dormir à côté de mes nouveaux copains. Demain sera un
autre jour !
Samedi 3 janvier 2015
7h30, mes copains m’ont dit « tu sais ici c’est l’heure
du réveil, on va dans le jardin faire pipi et pendant ce temps môman nous
prépare le repas ». Alors j’ai fait comme eux, mais je suis vite rentré,
ça sentait bon le poulet chaud ! Elle est pas mal la cuisine ici !
Vite ma gamelle, je trépigne, je tourne en rond autour de ma maman d’accueil,
je pousse des petits cris, mais c’est long ! J’ai faim !
Ma maman d’accueil m’a dit que ce matin on allait voir un
docteur pour moi. J’aimerai bien qu’il guérisse ma peau mais j’ai un petit peu
peur. Pourtant le docteur est très gentil, il me parle, mais je ne comprends
pas encore le français, alors maman me rassure. Il doit me trouver très beau,
il m’a pris en photo partout ! Il a même dit qu’il enverrait mes photos à
une copine docteur aussi qui connait bien ma maladie. Ils ont beaucoup parlé
avec ma maman d’accueil, moi j’étais fatigué, alors je me suis endormi sur les
genoux de ma maman. Le docteur m’a donné de nouveaux bonbons, des blancs, des
jaunes, un shampoing qui sent bon et une jolie mousse blanche pour que mon poil
soit plus doux. Il a dit aussi qu’avec cela, je n’aurai plus mal et je ne me
gratterai plus. Chouette ! Je ne sais pas pourquoi, mais avec ma maman
d’accueil, ils avaient l’air inquiet. Il doit être un ami, parce qu’il veut me
revoir bientôt.
En sortant, il fallait encore qu’on aille chercher mes
bonbons blancs chez un pharmacien. Ma maman m’a emmenée avec elle, mais là je
n’étais pas très fier ! C’est bizarre ce qu’elle appelle la ville, il y a
plein de voitures, des gens partout qui parfois me regardent avec un drôle
d’air, d’autres qui marchent si près de moi que j’ai eu peur qu’ils m’écrasent.
Je suis si petit. Pourtant j’avais mon joli manteau que maman m’avait fait pour
avoir bien chaud ! J’étais bien content de rentrer dans la voiture pour
retourner à la maison. J’étais si fatigué ! J’ai retrouvé mon panier et je
me suis endormi. Plus tard ma môman m’a dit « eh bien tu as fait une
sacrée sieste ! ».
J’étais de nouveau en forme pour jouer et comme il
y avait encore du soleil, j’en ai bien profité dans le jardin !
J’ai de nouveau bien apprécié mon petit repas du soir. J’ai
découvert aussi un fromage que ma maman d’accueil me donne avec les bonbons qui
me soignent. Elle dit c’est du camembert « tu es déjà un petit
normand Brio » ! Je ne sais pas ce que c’est, mais je veux bien être
un « petit normand » pour lui faire plaisir, alors j’en
redemande !
Le soir, mes parents d’accueil se sont installés dans leur
canapé pour regarder un drôle d’écran avec des gens qui parlaient et de belles
images. Moi aussi je voulais regarder ! Alors je me suis mis sur les genoux
de ma maman, mais je n’ai pas vu longtemps, je me suis endormi contre
elle ! Quand les images se sont arrêtées, mes copains sont sortis dans le
jardin, ils m’appelaient, mais moi j’étais trop bien au chaud, et je me suis
endormi dans mon panier. Ma maman m’a dit au réveil que j’avais fait plein de
rêves !
Peut être que je rêvais qu’un jour je n’aurai plus de problèmes
avec ma peau, que j’aurai comme les autres un joli poil tout doux, que mes yeux
ne larmoieront plus, que mon petit nez sera libéré de ses croûtes, que mes
pattes n’auront plus de plaies et que mes ongles ne seront plus des
petites lamelles cassantes…
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